12/ Un sourire à l'hôpital
- rvtaccount
- 15 mai 2020
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 mai 2020
Je rentre la veille de mon opération, le 11 mars, pour ne pas me faire lever trop tôt le lendemain car l'opération va commencer en début de matinée. Ce jour là, lorsque j'arrive à l'hôpital, je sais que je vais vivre THE hospitalisation. J'ai eu deux semaines pour me préparer mentalement. Mais bon... lorsque j'arrive à l'hôpital je remets en question le courage que je pensais avoir en moi. Je suis au Centre Léon Bérard, le centre de lutte contre le cancer situé à Lyon. Jamais je n'aurais pensé un jour devoir passer du temps dans ce genre d'établissement.
Peu après mon arrivée, on en profite pour me poser un PICC ( l'équivalent d'un cathéter mais en plus grand), un tuyau de 40cm qu'on place dans une grosse veine de mon bras droit. Le soin ne fait pas mal mais la procédure est juste impressionnante. On me fait ensuite une radio des poumons pour voir si tout est bien placé.
Je garde en tête cet après-midi puisque, dans ma peine, je croise une dame qui illuminera ma journée. C'est en me perdant dans les couloirs de l'hôpital pour me faire poser le PICC qu'elle m'indique le chemin, un grand sourire sur le visage. Je pense d'abord avoir à faire à une infirmière très gentille mais dix minutes plus tard, je la retrouve assise en face de moi, magazine en main, à attendre son tour pour le bloc.
Elle m'accueille encore une fois avec son énorme sourire et je me souviens m'être demandée comment un sourire aussi rayonnant pouvait exister dans ce genre de situation ? Moi ? J'ai peur et j'ai froid dans la petite blouse qu'on m'a demandé de porter.
Pourquoi pas elle ? La salle d'attente m'angoisse, avec pour seul décor une porte coulissante automatique, des murs vides bleus et des néons aux plafonds. Je ne sais pas combien de temps je vais rester dans cette pièce mais le temps est très long. Je vois défiler les patients un à un, la dame au sourire part avant moi.
Je la retrouve un peu plus tard dans une autre salle d'attente et finalement elle m'adresse la parole. "C'est quoi ton cancer?" "Tu as quel âge ?" etc
Cette discussion me fait un bien fou, c'est la première fois depuis l'annonce de ma maladie que je discute avec une personne "comme moi". Elle a une trentaine d'années, elle vient d'avoir un bébé et elle a un cancer du sein. Je retiens de cette rencontre l'optimisme que j'ai ressenti dans les paroles de cette femme. Finalement, pourquoi avoir peur ? Autant vivre le truc en souriant !
Le soir, lorsque je découvre ma chambre et qu'il est temps pour mes parents de partir je m'efforce de ne pas pleurer. Si je pense positif, tout sera positif. Je prends le somnifère qu'une infirmière m'a donné pour m'aider à trouver le sommeil. Je regarde une dernière fois mon ventre, sur lequel on a déjà tracé au feutre le trait qui deviendra ma cicatrice. Par superstition, je touche la ligne et je dis quelques mots comme si quelqu'un pouvait m'entendre et faire en sorte que tout se passe bien. Je m'endors et je sais que demain en ouvrant les yeux une grosse journée m'attend, mais je n'ai pas peur.
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