8/ L'annonce
- rvtaccount
- 5 mai 2020
- 3 min de lecture
On est le 13 février 2020. J'ai rendez-vous à l'hôpital pour le résultat de mes biopsies.
Je suis à l'arrière de la voiture sur l'autoroute avec mes parents et personne ne parle. Je regarde par la fenêtre et je me répète deux choses dans ma tête. Je me dis qu'on va m'annoncer la Maladie de Crohn (une maladie inflammatoire chronique du système digestif que les médecins ont commencé à évoquer dans mes premiers temps d'hospitalisation) ou alors je me dis que je n'ai rien. Mon angoisse augmente au fur et à mesure que l'heure de la consultation approche. Et puis au final vers la fin du trajet le mot cancer va quand même me traverser l'esprit, et je commence à envisager ça comme une éventualité. Qui sait ? Il vaut mieux s'attendre au pire et au final repartir avec une bonne nouvelle que l'inverse !
Vient ensuite le moment hypeeeer stressant de la salle d'attente. L'ambiance est totalement différente de toutes celles que j'ai pu vivre jusqu'alors. Je stresse à l'idée de me retrouver face au médecin et pour la première fois j'ai vraiment peur de ce qu'il pourra me dire. Je l'aperçois dans le couloir à travers la vitre et mon coeur descend jusqu'à mes pieds, la peur a envahie mon corps. J'ai l'impression que les minutes durent des heures !
Finalement on nous appelle, mes parents et moi et trois chaises nous attendent. Vraiment pour ce coup là, je le sens pas... Je m'assoies sur la chaise du milieu et le médecin me rappelle les examens que j'ai passé dernièrement. Il me demande de me lever et il examine tout mon corps, les jambes, les bras, les aisselles, le ventre... simple examen de routine sûrement. Je me laisse faire, j'ai l'impression qu'on attend tous quelque chose, une réponse.
Puis finalement on s'assoit et il prononce ces mots "bon.. à la biopsie on a constaté la présence d'une "boule" dans l'intestin".
Une boule ? A ce mot je bloque, mon regard est entièrement fixé à celui du médecin et j'ai l'impression que plus rien d'autre n'existe. Mon esprit se fige et quand le médecin prononce enfin le mot "tumeur" je réalise. Je reste deux minutes sans réagir, là, assise sur ma chaise, et mon cerveau est littéralement sur OFF. Comme d'habitude, j'essaie de tenir, de faire comme si tout allait bien, à fixer les yeux du médecin et garder la tête haute sans sourciller. Mais finalement, les deux minutes passent et je me dis que peut-être aujourd'hui j'ai le droit de pleurer, et alors les larmes me montent aux yeux.
Je reprends conscience de la présence de mes parents et je vois dans leur yeux de la tristesse. Ma mère pleure et mon père me prend la main.
Beaucoup de questions viennent à l'esprit à l'annonce d'un cancer. Evidemment je pense directement à la mort, puis je me demande le stade de la maladie, quel type de cancer, et surtout pourquoi moi ?
Le médecin m'annonce que j'ai un sarcome à cellules claires des tissus mous.
(Je vais expliquer plus en détail ce type de cancer dans le prochain texte) mais en gros c'est "un cancer rare, affectant principalement de jeunes adultes entre 20 et 40 ans".
On est sur le retour, sur l'autoroute et je regarde encore par la fenêtre. Mais en gros pour faire clair, dans ma tête, je sens que je suis dans la merde. :)
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