18/ Quoi penser dans ma tête ?

Les médecins et la famille ne cessent de me répéter de vivre au jour le jour (chose que tout le monde devrait prendre le temps de faire d'ailleurs), mais c'est plus facile à dire qu'à faire.

Le temps d'hospitalisation m'a contrainte à vivre dans le moment, en étant constamment dans une lutte pour aller mieux. Je n'ai pas eu vraiment le temps de regarder le passé ou même de penser au futur. L'objectif, le seul, était de me relever.

Mais maintenant ? Qu'est-ce que je fais de tout ça ?

De retour dans un quotidien "normal" j'ai tout de suite voulu reprendre mes habitudes, mais évidemment mon corps était moins prêt que je ne l'étais dans ma tête. Rester plus de 5 minutes debout était encore une épreuve et j'ai dû accepter que l'évolution ne serait pas aussi rapide que je le souhaitais. La patience était le mettre mot et l'effort aussi finalement.

Mais au delà de la forme physique, j'ai vite compris que j'allais encore galérer un moment ! Galérer dans la tête bien sûr. A fleur de peau, j'ai pleuré des heures au téléphone en consultation avec ma psy, à ne pas vraiment comprendre, à me sentir perdue, et surtout à ressentir beaucoup de colère. Malgré une opération réussie mon esprit jouait les pires scénarios possibles. Et si ça revient dans quelques mois ? Dans quelques années ? Et si, et si !

Je lirais plus tard dans le livre "Le pouvoir du moment présent" de Eckart TOLLE, offert par mon oncle après mon retour de l'hôpital cet extrait : " (...) exercez-vous d'abord en observant la tendance habituelle de votre mental à vouloir fuir le moment présent. Vous constaterez qu'il imagine en général l'avenir comme étant meilleur ou pire que le présent. Dans le premier cas, il vous donne de l'espoir et du plaisir par anticipation. Dans le deuxième cas, il crée de l'anxiété. Chaque fois, il s'agit pourtant d'une illusion. En vous observant vous-même, vous pouvez automatiquement devenir plus présent dans votre vie. Dès l'instant où vous prenez conscience que vous n'êtes plus présent, vous l'êtes (...)".

Ces mots résonnent en moi lorsque mon esprit me fait faux bond. J'essaye de ne pas penser au pire et je me dis que je ne fais qu'inventer des choses qui n'existent pas, là maintenant. Alors oui, j'ai accumulé quelques petites techniques pour m'apaiser, en cuisinant beaucoup, en m'essayant à la méditation ou en me découvrant une passion pour les livres de développement personnel, mais le cafard n'est jamais très loin. Il y a des jours avec et des jours sans comme on dit.

Encore maintenant je me surprends à revivre des nuits d'angoisses comme je le faisais à l'hôpital, je me mets à pleurer sans contrôle mais j'essaye de passer à autre chose. Malheureusement, cette réalité n'est jamais très loin puisque les visites de contrôle, les prises de sang, et mon petit retour aux urgences qui m'a valu une biopsie du foie m'empêchent de vivre en faisant "comme si il y avait rien". S'ajoute à cela une condition professionnelle totalement en suspend depuis 6 mois et un arrêt maladie qui continue, ce qui rajoute un paquet de choses dans la liste des questionnements ...

L'objectif pour moi est d'aller de l'avant, de rester aussi forte que possible mentalement (au cas où) et de vivre un bel été, bien entourée ! Et le reste suivra ... :)