16/ Fin d'hospitalisation, nouvelle vie

Je ne referais pas de crise d'angoisse pour la suite de mon hospitalisation, heureusement ! Je passe bien sûr par des étapes difficiles, notamment lorsqu'on me retire la péridurale. Ce jour là mon père peut me rendre visite et toute la journée il me voit dans un état de souffrance extrême. Je ressens pour la première fois les douleurs à vif. Je frôle l'évanouissement, je suis vraiment dans la limite de ce que je peux accepter physiquement. Mentalement aussi, puisqu'une grande partie se joue dans la tête. Je suis en sueur, je n'arrive plus à parler, je me tords de douleur, mon père ne sait pas quoi faire pour que j'aille mieux. On m'avait prévenu, je savais que j'allais passer par ce moment, mais mon dieu, je ne m'attendais pas à ça ! Finalement on me donne encore quelques doses de morphine, les médecins comprennent que j'ai besoin d'un peu de temps pour réduire considérablement les médicaments.

Les jours passent et je retrouve petit à petit de l'autonomie, je remarche, je commence à pouvoir me laver seule. Un seul problème persiste : les vomissements. J'ai développé tout au long de mes séjours à l'hôpital une phobie de vomir qui m'a littéralement compliqué la vie. Cette phobie a progressé à tel point que lorsqu'un soignant rentrait dans ma chambre avec un plateau repas je vomissais systématiquement dans les 5 minutes qui suivaient. Bon, en même temps, si toi aussi tu as pu tester la nourriture de l'hôpital tu comprends ! Je n'ai plus envie de rien. Je perds beaucoup de poids et je vais descendre rapidement à 48kg. En plus de ça, je dois suivre un régime strict sans graisse, AUCUNE, ce qui favorisera davantage la perte de poids. Mes repas à l'hôpital sont à base d'endives à l'eau, de soupes imbuvables, ou de pâtes sans goût, l'horreur!

Sur la fin de mon hospitalisation je me rends compte que je ne peux pas rester dans cette situation. Je ne peux pas vivre comme ça, sans appétit, avec cette envie permanente de vomir. Au centre Léon Bérard j'ai le droit à différents services, de la sophrologie, de la réflexologie plantaire, des psychologues sont aussi à ma disposition. Malheureusement, à cause du coronavirus, plusieurs professionnels ne consultent plus, je ne peux donc pas avoir accès aux médecins qui pourraient m'aider pour mon problème. J'essaye de faire de mon mieux, par mes propres moyens pour enlever mon angoisse vis à vis de la nourriture. Je vais passer des heures à regarder des photos de différentes sortes de plats qui me donnent envie et surtout une pizza aux anchois ! J'ai une envie incroyable d'anchois ! Je sais, ce n'est pas vraiment l'aliment qui vient en premier à l'esprit lorsqu'on veut éviter de vomir mais il faut toujours suivre ces intuitions, et c'était la mienne à ce moment là ! Alors bref, je regarde ma photo de pizza à l'anchois tous les jours et j'écris dans mon portable des idées de repas que je pourrais me préparer à mon retour à la maison (toujours sans graisse bien sûr, mais meilleur qu'à l'hôpital c'est sûr !). Finalement mon idée fonctionne, et je retrouve l'envie de manger ! Trop d'ailleurs ! Les soignants se voient obligés de me donner un encas à 10h du matin et à 16h, j'appelle même les infirmières la nuit pour avoir des gâteaux ! :D

Plus tard, une sophrologue m'apprendra que je me suis fait de l'auto hypnose en regardant ces photos. J'ai en quelque sorte inversé les pensées qui traversaient mon cerveau en lui disant que, oui, j'ai envie de manger, et que j'aime ça. C'est incroyable à quel point le cerveau peut se contrôler !

Je peux enfin rentrer à la maison le 23 mars dans la matinée ! Je l'ai tant attendu cette journée ! Je retrouve ma petite boule de poils, Myrtille (mon chat pour ceux qui ne savent pas), mes parents et tout le confort d'être chez soi ! Je rentre, mais je sais que je commence une nouvelle partie de ma vie. Celle où je dois vivre avec le poids d'un cancer au dessus de la tête, celle où je vais devoir changer quelques habitudes, et aussi instaurer beaucoup de nouvelles choses pour tenter d'aller mieux.